En lisant les œuvres du Starets, vous trouverez des paroles concernant la lutte contre les pensées passionnelles. Les pensées remplissent le cosmos qui nous entoure, et nous sommes tous attaqués. Mais, ayant acquis la vision juste, orthodoxe, des choses spirituelles révélées par le Christ et par le Saint -Esprit, vous deviendrez capables de bâtir votre vie vous-mêmes. De quelle manière ? Certains d’entre vous connaissent peut-être un épisode de la vie du Starets Silouane. Dans mon livre sur le Starets, je dis que le Père Stratonique avait été invité dans la cellule du Père Dosithée, au Rossikon (le Monastère russe du Mont Athos). Après la mort de sa femme, ce Père Dosithée était venu au Mont Athos avec son fils Roman. Ce fils Roman était attaqué par des pensées de doute et il en était devenu presque malade. Il était exténué et ne pouvait pas comprendre ce qui lui arrivait. Il lui semblait qu’il avait perdu la foi. Il en parla à son père qui fit tout ce qu’il put pour lui redonner des forces et pour l’inspirer par la foi vivante comme auparavant. Mais il n’y arrivait pas. Un jour il rencontra le Père Silouane et lui dit: Encore… – Père Silouane, aide nous : Roman me dit qu’il a perdu la foi. C’est vraiment très triste. S’il te plaît, viens chez nous.
– A quelle heure ?
– A trois heures. Roman viendra chez moi.
Silouane lui dit :
– Bien, je viendrai aussi.
Où eut lieu cette rencontre, je ne le sais pas : en tout cas cela n’avait pas été dans la chambre de Silouane. Dès qu’ils se séparèrent, Silouane alla dans sa chambre et commença à prier, en demandant au Seigneur de lui inspirer la meilleure façon de voir la situation, et comment il pourrait aider ce Roman. Et il reçoit la réponse : « Dis-lui lui que des pensées pareilles te viennent, à toi aussi. » Quand quelque chose vient de Dieu, on ressent une touche de vie et une joie intérieure. Maintenant Silouane était tranquille : il savait ce qu’il dirait [il rit] à ce Roman ! A trois heures il arrive dans la chambre du Père Dosithée ; le Père Dosithée était assis dans un fauteuil, comme ça [Père Sophrony se prend la tête dans les mains, les coudes appuyés sur la table], et Roman était assis de l’autre côté de la table dans la même posture! [il rit]. Silouane dit : « Qu’est-ce que vous avez ? Vous êtes tous les deux si tristes. » Le Père Dosithée lui dit : « Voilà, Roman a perdu la foi. Il dit qu’il ne croit plus. » Le Starets regarde Roman, et Roman le regarde. Le Starets lui dit :
– Roman, ce ne sont que des pensées ; il ne faut pas les écouter. Il ne faut pas leur donner de place. Des pensées de ce genre viennent à tout le monde, à moi aussi !
– A vous aussi ?
– Oui, elles viennent à tout le monde; il ne faut pas les accepter.
Et ainsi, grâce à cette simple parole que les pensées venaient aussi à Silouane, Roman était revenu à la vie ; il était sauvé et était de nouveau radieux et même inspiré. Voyez comme la réponse de Dieu avait été exacte. Il n’y a rien de “théologique” [il rit] en cela, mais si nous comprenons réellement ce qui s’était passé, pour nous c’est vraiment de la théologie ascétique.
Source: Homélie du Père Sophrony en français, le 20 janvier 1989, au bureau du Monastère Saint Jean-Baptiste, «À la base de notre monastère il y a une conscience dogmatique orthodoxe».
http://www.diakonima.gr/2010/03/26/etapes-de-la-vie-spirituelle-4/